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Angela Kpéidja : la dot « semble instrumentaliser la femme »

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VUE EN IMAGE DE CEREMONIE DE DOT

 

La question de dot en Afrique, Angela Kpéidja en parle. La journaliste à la télévision nationale du Bénin et présidente de l’Ong ‘’N’aie pas peur’’ n’est pas contre cette tradition prise dans son sens symbolique. Mais l’allure donnée à la chose de nos jours lui semble galvaudée d’autant plus que la dot telle que conçue aujourd’hui, met en péril les principes de l’égalité genre.

 

Au sujet de la dot, Angela Kpéidja a brisé le silence. L’auteur de ‘’Bris de silence’’ se désole de ce que cette pratique très prisée dans les pays africains et qui représente le mariage coutumier, perde de plus en plus sa valeur symbolique. Hier, avec noix de kola et quelques présents, le lien gendre belle-famille est noué. Mais de nos jours, la dot « a pris une allure plutôt prestigieuse », constate la journaliste.

 

« Cette tradition galvaudée et sortie du contexte, semble instrumentaliser la femme. C’est exactement comme si l’homme venait dans un marché, pour choisir sur l’un des étalages un objet précieux à ses yeux dont il paie le coût. La question majeure est celle-ci: comment cet "objet précieux'' (la femme dotée) peut-il ensuite revendiquer et faire à sa tête une fois sous son toit ? N’est-ce pas cette façon de faire qui explique que certains  hommes manquent finalement d’égard à leurs épouses ?», sonde la présidente de l’Ong ‘’N’aie pas peur’’.

Et ce ‘’marché de femmes’’ s’anime avec son lot d’implications sociales. Pendant que certaines femmes considèrent la dot comme «signe extérieur d'accomplissement social», souligne la journaliste, La gent masculine y laisse des plumes, les fondements essentiels de la vie de couple obligent. Loin, « dans les familles où cohabitent plusieurs jeunes filles, c'est souvent la course à qui recevra, en premier, la dot. Viennent ensuite les comparaisons au sujet de qui aura la dot la plus fastueuse ». Ce faisant, « on pressure l'homme à puiser dans les tréfonds de son être ».

Ce « vrai casse-tête » à « l’allure matérialiste » que constitue la dot imposée aux hommes dans une société « capitaliste » fait dire à Angela Kpéidja qu’il faut réfléchir pour sortir de cette pratique défavorable à l’égalité femme-homme. « Pour moi, opine-t-elle, si nous voulons sortir de ce schéma de violences faites aux femmes dans nos pays africains, plus que les lois, c’est d’une profonde mutation sociologique que nous avons besoin ».

Au Bénin, le Code des personnes et de la famille dispose en son article 142 que « la dot a un caractère symbolique ». A défaut de faire définitivement dos à cette tradition, la professionnelle des médias préconise un retour « au symbolisme initial ».

Emmanuel M. LOCONON

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