Du 14 au 15 octobre 2023, le parti de l’opposition Les Démocrates était en congrès. Les travaux qui ont duré 48 heures, ont accouché d'un nouveau bureau à la tête du parti. Le nouveau bureau est présidé par l’ancien Chef d’Etat, Boni Yayi, ex-président d’honneur du parti. Il succède ainsi à Éric Houndété qui assure désormais la vice-présidence du parti. Une actualité qui fait régir le Juriste et analyste politique Serge Defodji. Il revient sur les implications et les raisons possibles ce retournement, et se projette sur les impacts de cette nouvelle donne dans la vie politique au Bénin dans les prochains jours. Lisez plutôt !
« Cela était prévisible, étant donné ses nombreuses apparitions politiques et sa présence constante sur les réseaux sociaux visant à maintenir sa popularité. Il est bien connu que les négociations politiques en prévision des élections générales et présidentielles de 2026 ont déjà débuté au sein de l'opposition et de la mouvance. Par conséquent, il est plus que nécessaire que l'opposition affine ses stratégies, et qui de mieux que le dirigeant qui fait quasiment l'unanimité au sein du parti Les Démocrates pour prendre la tête ? Yayi, étant le plus populaire et le plus expérimenté de tous, a donc logiquement pris la présidence du parti.
Cet état de choses n'est pas sans conséquences. L'ancien locataire de la Marina est un animal politique très populaire. Pour unifier tous les membres du parti, prendre des décisions difficiles, mais positives, il n'hésitera pas. Yayi, en tant que président du parti, élargit la base électorale des démocrates bien plus que ne le ferait le député Éric Houndété en tant que président. C'est une évidence. Cependant, cette situation soulève des questions concernant le renouvellement de la classe politique.
Ce changement donne à penser que les aînés ne veulent pas céder la place aux jeunes ou ne leur font pas confiance. Sans être président des démocrates, Yayi avait toujours son mot à dire, et son influence n'a jamais été négligeable dans les prises de décision. Alors, pourquoi doit-il obligatoirement devenir président du parti ? Nous pouvons prendre l'exemple de plusieurs anciens présidents tels que feu Mathieu Kérékou, Nelson Mandela, Goodluck Jonathan, pour ne citer qu'eux, qui, pour maintenir la stabilité politique et promouvoir la paix, ont adopté un rôle de sages et de conseillers. Je crains que dans les jours à venir, une nouvelle tension puisse surgir, comme ce fut le cas en 2019 lorsque Yayi a voulu affronter le président en exercice, Patrice Talon.
Nous devons nous attendre à des déclarations politiques plus véhémentes de Yayi critiquant le gouvernement de Talon, à des déclarations d'adhésion au parti, ainsi qu'à des négociations politiques visant à remporter les élections de 2026.
Il est important de noter que la méthode de Yayi diffère de celle de Talon. Les partis de la mouvance sont disciplinés et respectent leur ligne de conduite. Il est donc peu probable que des changements majeurs surviennent au sein de la mouvance. Cependant, si la situation change, des stratégies devront être élaborées pour faire face aux futures actions du parti Les Démocrates ».
Serge DÈFODJI,
Juriste, analyste politique
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