L’édition 2024 de la conférence publique des experts en information et en communication s’est tenue, samedi 10 févier 2024, dans l’amphithéâtre Etisalat de l’université d’Abomey-Calvi. Cette initiative propulsée par le leadership de Léon Anjorin Koboudé s’inscrit dans le cadre du déroulement de son enseignement pédagogique intitulé relations médias.
C’est un exercice de mise en situation dans un cas pratique des notions acquises au cours de ce module de cours. Les réflexions menées lors de cette conférence sont axées sur le thème « La digitalisation de l’information au Bénin : La mort de la presse? ». Ce thème colle avec l’actualité. Il a particulièrement intéressé journalistes et communicants ayant profité des échanges pour partager leurs expériences et apporter leur riche contribution pour l’émergence du secteur.
Selon Edson Edah, président du comité d’organisation, l’un des défis contemporains qui s’imposent aux organes de presse, est de rechercher comment maintenir l'intégrité et la pertinence de la presse écrite tout en embrassant les opportunités infinies offertes par le numérique. Le papier et l'écran ne sont pas des adversaires, soutient-il, mais des partenaires dans la quête de fournir une information de qualité. Il précise tout de même que le numérique offre une portée mondiale instantanée, cependant la presse écrite apporte une profondeur et une analyse qui transcendent le flux rapide des médias en ligne. Il est temps, ajoute-t-il, de fusionner les forces, d'innover sans compromettre l'éthique journalistique, et de créer une synergie qui enrichit l'expérience de l'information pour chacun d'entre les acteurs.
Quant au docteur Wenceslas Mahoussi, intervenant au nom de l’administration de l’ENSTIC et surtout dans son manteau d’enseignant chercheur en Infocom, le référent des masters, « l’avenir de la discipline est assuré avec autant d’expert en cours de formation ». Il se réjouit de la qualité de la tâche et la pertinence de la thématique abordée.
Quid de l’avenir de la presse
La question de la disparition ou non de la presse occupe les esprits depuis une vingtaine d’années. On remarque selon les études et recherches que la presse résiste dans le temps. A l’ère de la digitalisation, la presse est appelée à s’adapter. « Après 20 ans ou 25 ans de l’arrivée de l’internet, on a constaté que le papier a pratiquement disparu. Les mutations qui se sont opérées sont devant nous », a fait remarquer monsieur Léon Anjorin Koboudé.
Pour Leonce Gamai, expert journaliste média, « La presse va s’adapter pour ne pas mourir. Cette adaptation prend en compte la qualité de la production, la présentation et tout le reste ». En ce qui le concerne, Basile Tchibozo, l’ancien président du patronat de la presse (CNPA) au Bénin propose d’aller « à une économie d’ajustement. Aujourd’hui, un journal s’adapte en mettant les productions en ligne. Il n’y a plus de vente directe ». La solution selon Dr Wenceslas Mahoussi est de susciter des recherches scientifiques orientées vers la consommation de l’information pour montrer le vrai visage. Ces études, explique-t-il, peuvent orienter les actions du gouvernement dans le domaine de la presse.
Satisfaction
Cette activité est une initiative de monsieur Léon Anjorin Koboudé, mise en œuvre par les auditeurs soutenus par ce dernier. « C’est votre activité, leur dit-il tout satisfait et « compétemment emporté par le sérieux qui a caractérisé l’organisation de cette conférence ». En un temps record, l’initiative a pris corps. « L’idée est de permettre aux auditeurs de se mettre en condition réelle pour voir comment organiser une conférence en peu de temps. C’est un exercice pratique mais une disponibilité de la plateforme en matière de réflexion. Ce qui caractérise l’université c’est la réflexion. C’est à cet exercice que sont conviés les auditeurs en master à travers l’exercice de ce matin » a martelé Léon Anjorin Koboudé.
Résumé des interventions au niveau des panels
Léonce Gamai, expert journaliste média, Gérant du site d’information Banouto
Quand on dit presse, c’est le contenant et le contenu, qualité de l’information et pratique journalistique de production et de diffusion de l’information. Les éléments de contexte font que les médias ou la presse doit s’adapter pour ne pas être conformée à sa mort. Contexte d’abord au plan géopolitique mondial de façon globale avec les différentes crises politiques et sécuritaires. Ensuite sur le plan technologique avec la démocratisation en quelque sorte du numérique et donc de la digitalisation avec les terminaux, avec l’internet, l’hégémonie des réseaux sociaux et aussi l’intelligence artificielle qui fait aujourd’hui la percée. Ces différents éléments font que les nouvelles habitudes de consommation de l’information, il y a de nouveaux acteurs de production de contenu de l’information qui émergent. Tout cet ensemble fait que la presse doit s’adapter en termes de pratique tout en restant professionnelle, aux principes éthique et déontologique. La presse va s’adapter pour ne pas mourir. Cette adaptation prend en compte la qualité de la production, de présentation et tout le reste.
Basile TCHIBOZO, DG Le Challenge, ancien Président CNPA
Il est question de chercher si la digitalisation de l’information entraine la mort de la presse. Ce n’est pas le cas. Aujourd’hui tous les organes de presse traditionnelle s’adaptent au numérique à telle enseigne que, et le numérique et la presse traditionnelle sont ensemble pour aboutir à un bon port. Il se fait qu’il y ait une économie numérique qui n’existe pas. Il y a un modèle économique qui n’existe pas. Ce qui fait aujourd’hui que la menace qui se lit au niveau des médias traditionnels est la même chose au niveau des médias en ligne. La question est de savoir faire pour y aller. Il faut se mettre ensemble et demander un peu à l’Etat central de pouvoir s’occuper des médias en ligne, de la presse du pays qui contribue au renforcement à la démocratie. La presse joue un rôle fondamental dans la démocratie et tous les médias en ligne jouent ce rôle. Par conséquent mathématiquement ces médias doivent leur part nationale qui leur revient. Ce n’est pas une pitance ni une offrande. C’est une dotation qui existe au niveau du fonds. C’est pourquoi le fonds a été adopté dans la loi portant code de l’information et de la communication en 2015. Il y a aussi le fonds du numérique dans la loi 2014. Tous ces fonds mis ensemble peuvent permettre à la presse d’être, de décoller en attendant un peu l’ajustement qu’on fait au niveau des dotations et des réseaux GSM.
Adaptation
Je pense à une économie d’ajustement. Aujourd’hui, un journal s’adapte en mettant les productions en ligne. Il n’y a plus de vente directe.
Dr Wenceslas MAHOUSSI, enseignant à l’ENSTIC
Les chiffres sont alarmants. On sait aujourd’hui qu’il y a cinq quotidiens qui impriment 5 sur 5 au Bénin. C’est là que les kiosques physiques disparaissent pour laisser place à l’avènement des kiosques digitaux. La consommation de l’information est beaucoup plus au niveau du digital. Le producteur aussi fait son travail sur le digital. De ce point de vue, il faudrait que les médias s’adaptent pour ne pas mourir. Le papier ne mourra pas. Les questions de désinformation, les questions d’économie numérique et du modèle économique dernière. Aussi, les questions d’adaptation sur la régulation de la HAAC par exemple. Tous ces paramètres montrent que le digital est là et nous tendons vers une époque de tout numérique. Ainsi il faut faire en sorte que les médias traditionnels et même les cyberjournaux puissent s’adapter pour ne pas pour mourir. Le professionnalisme déserte parfois le forum dans l’exercice de la profession de journaliste.
Solutions
Il faut que des recherches scientifiques soient orientées vers la consommation de l’information pour montrer le vrai visage. Ces études peuvent orienter les actions du gouvernement dans le domaine de la presse.
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